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Page:Gasquet - L’Enfant, 1900.djvu/33

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Lorsque l’enfant viendra ce sera dans un jour
De lumière, au milieu de l’été… La Provence
Des monts jusqu’à la mer brûlera tout autour
De la maison sacrée…


De la maison sacrée… Ô mon fils, je m’avance
Vers ta chair, ton cœur juste et ta pleine raison
Depuis les siècles d’or où mon sang prit naissance.
C’est pour toi que mon père a bâti ma maison :
Qu’il voit germer enfin la fleur de nos ancêtres.
Les rudes ouvriers, les laboureurs, les prêtres,
Tous, battront dans ton cœur, sauront par ton cerveau.
S’ils dormaient, oubliés au coin d’un cimetière,
S’ils nourrissaient la terre ou coulaient avec l’eau.
Secoués, réunis dans un espoir nouveau,
Ils te sentent venir du fond de leur poussière.
Ils t’attendent, leurs os te crient : « Ta race entière
Doit peupler, comme Dieu peupla les nations,
La cité de ton corps de gloire et d’actions.
Ô notre fils, ô ciel de nos âmes unies. »


Ô mon fils, tu viendras, dit mon âme à son tour,
Apportant à ton père, entre tes mains bénies,
La forte certitude et le tranquille amour.