Page:Gasquet - L’Enfant, 1900.djvu/39

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Ô corps de l’homme, en toi le monde se modèle,
Tu portes sous ton front les lois de l’univers,
La nature revit dans ton esprit fidèle,
La beauté de la terre emplit tes sens ouverts.
L’instinct au fond de toi traîne son crépuscule,
Mais constamment, ainsi que l’aube sur les mers,
Afin qu’un sang plus sûr dans tes veines circule,
Aux sommets de ton être éclate la raison,
Et Dieu passe avec toi le seuil de ta maison.


Ô mon fils, tu seras pareil à moi. De sages,
De tranquilles besoins façonneront ton cœur.
J’ai longtemps contemplé les mêmes paysages,
J’ai conformé ma vie à d’antiques usages,
Mais je suis l’artisan de mon propre bonheur.


Comme un fruit, comme moi, mûris avec lenteur.
D’un sang robuste et pur tu fais ta nourriture,
Tu tournes vers le jour déjà ta chair obscure,
Ta mère, ivre de toi, te sent vivre, et parfois
J’écoute s’éveiller et chanter au fond d’elle
Tout le chœur immortel de tes futures lois,


Déjà selon ton front l’univers se modèle.