Page:Gasquet - Le Bûcher secret, 1921.djvu/13

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


MATIN


Une grappe de fleurs, un essaim qui bourdonne,
Ce sont nos jours, c'est le murmure de nos jours.
Une invisible main qui dans l'ombre pardonne,
C'est l'ombre sur nos cœurs de nos vieilles amours.

Pourquoi dans la beauté m'emportes-tu sans force,
Pourquoi m'épuises-tu d'un tel pâle baiser ?
Un cœur pareil au mien bat-il sous ton écorce,
Matin tombé sur moi comme un arbre brisé ?

De quelles cimes d'or, dans le néant des heures,
De quelle forêt bleue, ô matin roules-tu ?
Je sens couler en moi les larmes que tu pleures
Aux pieds du bûcheron qui t'a mal abattu.