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Page:Gasquet - Le Paradis retrouvé, 1911.djvu/18

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Quel nom vont te donner, en bas, dans la prairie,
Ceux qui te voient venir sans te connaître encor,
Universel chaos qui roules sur ma vie…
Dois-je désespérer ? Prédis-tu l’âge d’or ?

Devant nos pas, toujours, le Paradis recule.
Depuis que nous marchons quand arriverons-nous ?
Il m’a semblé, ce soir, voir dans le crépuscule
Comme un immense Adam tombé sur les genoux.

J’écoute. Le soupir de la plaine m’arrive.
Bleu sanglot, cri perdu d’inutiles douleurs.
Un train fuit, et l’appel de la locomotive
Bouscule le sommeil des amandiers en fleurs.

Près d’eux je m’endormais. La combe verte et rousse,
Les rocs tièdes buvaient les dernières lueurs.
Une heure aux pieds d’argent s’allongeait sur la mousse…
J’allais vous oublier, fronts trempés de sueurs.