Aller au contenu

Page:Gasquet - Le Paradis retrouvé, 1911.djvu/22

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

 

Mes pieds saignent, aux bras des autres je m’accroche,
Mes reins plient sous le poids de quel cuisant fardeau ?
Eux courent en chantant, leur triomphe est donc proche.
Les suivrai-je ?… J’ai soif… Oh ! du vin ! un peu d’eau !

Mais leur foi maintenant, leur souffle me domine,
Mon cœur multiplié halette avec leur cœur,
Je réspire à l’étroit dans ma grêle poitrine…
De l'air ! De l’air ! Du jour ! Du pain ! Des jours meilleurs

Je n’étais rien. Comment si longtemps, inutile,
Sans goût, ai-je pu rompre et manger seul mon pain ?
Comment ai-je, sans voir, traîné de ville en ville
Ce corps, rongé d’ennui, ce cœur, à peine humain ?

Leurs pauvres yeux pourtant me plaignent sans reproches.
Je veux lutter comme eux, ils m’acceptent, je vais…
Savoir ! Je vais savoir où courent sur les roches
Tous ces pas douloureux hors des chemins mauvais.