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Page:Gasquet - Le Paradis retrouvé, 1911.djvu/41

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Un jour, le cœur durci par le vent des naufrages,
Nous avons deviné, derrière les orages,
Une terre inconnue à l’horizon de l’eau,
Et sur la vaste mer aux sourires sans nombre
Nous avons vu surgir un continent dans l’ombre,
Aux rayons d’un soleil nouveau.

Et parfois, pris de peur^ de fatigue et de doute,
Nous nous sommes couchés sur le bord de la route,
Harassés, affamés et disant enfin : Non.
Mais quelqu’un survenait, les Victoires en croupe,
Un maître aux poings sanglants qui fouaillait notre troupe
Mahomet ou Napoléon.

Nous repartions, l’Amour haletait à nos trousses,
La Paix nous appelait du fond des moissons rousses,
Mais le vent du matin chantait dans nos clairons,
La bataille menait sa bacchanale noire,
Et nous avions, le soir, les bras nus de la Gloire
Pour essuyer nos éperons.