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LES CHANTS DE LA FORÊT


II

Ô ma forêt !… C’est toi, quand mon mal me dévore,
La vive hamadryade au rire de ruisseau.
Sous ta chair coule, enfant, le doux sang de l’aurore ;
Tes beaux pieds de rêveuse ont la fraîcheur de l’eau.

Tous les oiseaux du soir nichent dans ta pensée,
Mais que fuse l’appel de ton rire argentin
Et le monde t’entend, cœur nourri de rosée,
Et la terre s’éveille aux bras bleus du matin,

Et toute la forêt silencieuse et douce
Laisse sur tes genoux aller son front rêveur,
Et des sèves en fleurs et de l’herbe qui pousse
Monte un chaste parfum qui t’embrase le cœur.