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LES POÈTES FRANÇAIS


XVI

Mon Amour triste et pur, mon Amour sans espoir,
Car il n’est pas nourri des choses de la terre,
Est venu loin de tous, dans mon âme s’asseoir
Et m’a, d’un doigt rêveur, fait signe de me taire.

Toute la forêt vague autour de nous rêvait ;
Les arbres, crépuscule embaumé de lumière,
S’entrouvraient, et le jour, des fleurs à son chevet,
Sur la mousse couché, dormait dans la clairière.

Le jour et ma douleur achevaient de mourir…
Mais lui, mon doux Amour, se penchant sur leur couche
Comme pour prolonger leur suprême soupir,
Sur leur dernier regard mit en tremblant sa bouche.

Fontainebleau,
Juillet-Août 1920.