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affin qu’ils me conoissent et entendent mieulz. Et leur apren les langaiges et choses que je veuill qu’ils fassent ; et ils me connoissent et m’aiment tant que, si aucune fois je suis malade, ou j’ai guerre, ou autres besoinhes que je ne puisse aler chasser, ils ne chasseront jà avec nul autre, ou s’ils le font ce sera pou. Et aucunefois j’ay veu que mes chiens avoient failly le chevreul et demouré en requeste grant piesse et ne vouloient aler avant, mes se lessoient du tout de chassier pour ce qui ni estoye point ; quar je n’avoye peu atteindre à eulx pour les mauvais passaiges qui sont en ces pays ; et quant je venoye, je leur fesoye dressier par la meismes où ils avoient été deux ou trois fois. Et ce estoit pour ce que quant je ni estoye mie ils ne vouloient metre diligence à requérir ; et quant ils me oyoient et voyoient ilz se mettoient en besoinhe aussi aperment comme s’ilz n’eussent chassie de tout le jour et le dressoyent tantost. Et là où je connoissoye qu’il fuyoit et ilz n’en criovent point, pour ce qu’il fuyoit de trop grant fort longe, et les chiens estoient réfroydis et las. Donc maugré leur voulenté leur en fesoie-je crier et chassier après ; quar touzjours feray crier ou tere mes chiens quant je voudray. Chescun ne le scet mie fere einsi ; mais je loe au bon veneur qu’il fasse aux chiens leur droit et leur playsir et tienhe en amour et en doubtance s’il veult d’eulz bien jouyr et qu’ilz fassent bien son playsir.

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