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chiens qui ont esté, j’en feray ne say quants contes que je trueve ès vrayes escriptures.

Premièrement du roy Clodoveus de France qui manda une fois sa grant court, et y avoit des roys qui tenoient terre de luy. Entre les quieuls estoit le roy Apollo de Léonois[1] qui amena à la dite court sa femme avecque lui et un lévrier qu’il avoit très biau et très bon. Le roy Clodoveus de France si avoit un fil juene bachelier de xx ans ; et tantost quil vit la royne de Léonois, si la ama et la pria d’amours. La dame qui bonne estoit et amoit son seigneur li refusa et li dist que sil en parloit plus, que elle le diroit au roy de France et à son seigneur. Après ce que la feste fut passée le roy Apollo de Léonois s’en retourna luy et sa femme en son pays. Et ainsi quil s’en retournait le fils du roy Clodoveus de France li fu au devant avec une compainhie de gens d’armes pour li tollir sa femme. Le roy Apollo de Léonois qui bon chevalier estoit merveilleusement de sa main, combien quil fust tout désarmé, si deffendi-il sa femme au mieulz quil peut, tant qu’il fu blessié à morf. Et lors, quant il se sentit blessié à mort il se retreit en une tour luy et sa femme. Et le fil au roy Clodoveus de France qui ne vouloit mie laisser la femme, entra après et prist la femme et vouloit gésir avec elle à force, mes elle li dist : vous m’avez tué mon mari et maintenant me voulez déshonorer. Certes j’ayme mieuls mourir. Lors s’adressa à une fenestre et sailli en la riviere de Loyre qui estoit au pié de la tour, et fu tantost noyée. Après ce ne demoura gueres le meisme jour que le roy Apollo de Léonois morut des playes quil avoit receues et fu gieté dedens la rivière. Le lévrier de quoy j’ay parlé, qui touzjours estoit avec le roy Apollo, quant il vit que on getoit son seigneur en la rivière, se saillit après et fist tant aux denz, qu’il tira hors son seigneur à seiche terre et fist une grande fosse aux ongles, et après y mist son seigneur et le couvrit aux ongles et au musel le mieulz quil peut. Einsi demoura touzjours le lévrier bien demi an sus la

  1. Léonois et non Lyonnais comme l’a imprimé Vérard.