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que soit sanz changier là. Et se la beste qu’il chasse se met en change d’autre beste qui soient cerfs ou autres bestes, quelles qu’ils soient, il doit chassier sa beste touzjours criant à plaine guele, que jà pour le change ne doit lessier de crier ; mes quant il hara sévré[1] et desparti sa beste hors du change, lors doit il doubler sa guele ; et quant la beste hara refouy sus boy et fet une reuse, et il sent que ne va plus avant, lors doit il tourner arrière sans crier par là où il est venu chassant, flerant d’un costé et d’autre, jusques tant qu’il sente là où il s’est destourné hors de sa reuse, et lors doit crier et aller après.

Autres chiens y a bons, que quant ils sont au bout de la reuse d’une beste, ils prennent tours avant et arrière jusques tant qu’ils ont dressié leur beste ; et c’est bonne chose ; mes ce n’est pas si seure chose comme ce que le chien baud fet ; quar en leurs tours pourroient ils bien trouver le change.

Chien baud, se une beste qu’il chasse fuit amont ou aval l’yaue et il vient à l’yaue, il doit passer tantôt tout oultre et quérir aval et amont de l’yaue par les rives bien longuement jusques tant qu’il truève où il s’est reschevé. Et s’il ne le puet dressier, tantôt il doit repasser l’yaue et ressentir là où il est entré en l’yaue, et puis se doit bouter arrière en l’yaue et flairier toutes les branches et rains qui sont sur l’yaue pour en assentir, et tenir les rives une fois amont et autre aval ; et puis dessà, et puis de là, bien longuement, sans soy annuyer jusques tant qu’il l’ait dressié.

Chien sage baud ne doit jamès crier, sil n’est à ses routes ;

  1. Sévré, séparé.

    « Et aucuns bourgeois de la Rochelle vindrent là : et dirent aux seigneurs françois, que s’ils se mettoient en l’obéissance du Roy de France, c’estoit leur intention que… la ville et tout le païs de Rochellois demoureroyent à touzjours mais au ressort et dommaine du Roy de France ; ne jamais n’en seroient ostez ne dessevrez par mariage, par paix ne par aucune adventure, qui jamais peust advenir au Royaume de France, par quelque condition que ce fut. »

    Froissart, ch. 311.