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chiens le chassassent et il fust grant cerf, il doit forhuer et corner une piesse pour trère à luy ou veneurs ou aydes, et s’il les oït venir, il doit releisser aux six chiens qui seront passés sans les veneurs atendre. Et s’il n’i venoit null veneur ne ayde, et il voit que le cerf soit grant cerf et vieill, et les six chiens qui le chasseront soient des bons chiens de la muete, il doit releisser, sans ce qu’il n’i ait ni veneur, ni ayde ; quar moult de fois, comme j’ai dit, et les veneurs, et toute la muete accueillent bien le change, là où quatre chiens ou plus ou moins en meneront le droit. Et luy meismes doit chassier tout à pié après et corner, quant il hara releissié. Et puis, quant le veneur hara tout ordonné, si doit aler leissier courre ; et quant il, ou l’un des compaignons aront leissié courre le cerf, il ne doit pas trop haster, au commencement, ses chiens ni eschaufer, ni chevauchier trop sur eulz ; quar ilz sont assez chauz et ardans au partir des couples ; mes leur doit bien leisser acueillir et bien emprendre à chassier ; quar un cerf, quant il est lessié courre, tourne voulentiers en sa muete querant le change, pour ce qu’il vuelt demourer, et li grieve de leissier son païs. Et quant il voit qu’il ne pourra demourer, il prent congié à sa muete et s’en va, et fet sa fuite qu’il vuelt fere pour soy garentir. Donc doit le veneur, quant tous les chiens seront passés, se mettre à chevauchier menée cueue et cueue de ses chiens ; quar c’est le droit de bon veneur de tousjours chevaucher menée par là où il le pourra fere par trop de raysons. Quar s’il chevauche touzjours menée, et est avec ses chiens, il sara là où ses chiens faudront et jusques où ilz aront chassié. Et donc les puet-il aidier à faire redressier le cerf ; et sara les quieulz chiens sont les mieulz requerans, et rechassans, et ressentans, et redressans, et les plus roides, et les meilleurs, et les plus puissans, et les plus foysonnant, et les plus sages ; et s’il n’estoit avecques eulz, il n’en sauroit rien ; ne aussi ne sauroit il requerir son cerf ; quar il ne sauroit là où ses chiens l’aroient failli ; mes pour ce que aucunefois on ne puet mie chevaucher menée ou par montainhes ou par croullières ou betumières que on apelle graves en Gas-