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Page:Gaston Phoebus - La Chasse, J-Lavallee, 1854.djvu/272

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Chapitre cinquante-troisième.
Ci devise comment on doit chassier et prendre le sanglier.


Et quant le veneur voudra chassier le senglier, et il sera leissié courre, il ne doit pas leissier courre tous ses chiens ; quar un senglier fuyt bien longuement et aussi en tue il et blesse assez ; et s’il n’i avoit de chienz frès et nouveaulz, il pourroit faillir à le prendre. Donc ait mis en deux ou trois lieux releis. Et doit le veneur chevauchier ses chiens de près ; et s’il vuelt porter un espieu en sa main tout à cheval, c’est bonne chose ; combien que le tuer de l’espée soit plus bele chose et plus noble. Toutesfois ne le peut il pas férir de l’espée ; quar se un senglier ne vient courre sus à un homme visadge à visadge, ou on ne le vient acouant[1] par derrière, ou lévriers ne le tienent en autre manière, il ne le touchera jà de son espée ; et s’il a son espieu trop de fois le pourra férir en getant, s’il le scet bien fere, là où il ne pourroit avenir de son épée ; mès il doit bien garder comment il getera son espieu ; car s’il failloit à férir et l’espieu fichoit en terre, avant que on ait retenu son cheval, pour quant qu’il soit bien abridé, ou est jà venu sur la queue de l’espieu qui sera fichié en terre ; et par ceste

  1. Acouant. Voyez la note 2 de la page 194.