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soit aucun engin contre luy, si n’y approucheroit jamès. Toutevoyes pour ce que chiens ou lévriers les chassent aucunefois de si près que elle ne regarde mie à tout cela, loe je que les perluys soient estoupés ; et si le veneur ne scet où les pertuys sont, si les face querir deux ou trois jours devant quant il voudra aler chassier, et la nuyt devant ou le matin qu’il voudra chassier, si les face estouper comme j’ay dit. Et comme aucunefois on ne puisse pas trouver touz les terriers ni tesnières des renards, se renard se venoit enterrer en aucun lieu, le veneur la puet prendre, s’il vuelt, vive, ou sil vuelt morte ; quar s’il y ha autres pertuys fors que un, il puet metre au dessouz du vent bourses, s’il en ha, ou se non, si y mete un sac s’il vuelt ; el les autres pertuys estouper, fors que un qui soit au dessouz du vent, et par là bouter le feu, ou en drap ou en parchemin metre des poudres de l’orpiment et de souffre et de nitre, et serrer bien derrière le pertuys, que la fumée n’en puisse issir. Et ne demourra guères qu’elle se rendra bouter dedans le sac ou bourses, et einsi la prendra vive. Et s’il la vuelt prendre morte, si estoupe tous les pertuys et bouter le feu comme j’ay dit dedens. Si la trouvera le lendemain morte à la bouche de l’un pertuys.

Par tout Jenvier, Février et Mars fet meilleur chassier les renards que en autre temps, combien que tousjours les puet l’on chassier, pour ce que le bois est plus cler, quar la fueille en est cheue, et on le puet mieulz veoir, et veoir chassier ses chiens aussi ; et aussi truève l’en plus tost les terriers et tesnières que on ne feroit quant le bois est couvert ; et aussi les piaulz des renards valent mieulz lors que en autre temps ; et aussi les chiens si afaitent mieulz, quar ils le voyent plus souvent et le chassent de plus près. Et quant il hara estoupé toutes les tesnières, il doit metre ses lévriers au dessouz du vent, et des gens en defense environ du buisson, espicialement là où il y a fort pays et espès ; quar il fuyt voulentiers le couvert[1] ; puis doit

  1. Il fuyt le couvert, c’est-à dire, il fuit par le couvert. Voyez les notes des pages 19, 37, 38.