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brillants briguaient son alliance ; car, indépendamment de ce qu’elle était jeune et jolie, elle devait apporter en dot le comté d’Auvergne, la baronie de Lunel, et plusieurs châteaux dans la Langue-d’Oc. Gaston éluda quelque temps les demandes en répondant que sa pupille était trop jeune. Enfin l’oncle du roi, le duc de Berry, qui était resté veuf de la fille du comte d’Armagnac, se mit lui-même sur les rangs. Heureux de faire entrer sa cousine dans la maison royale de France, Gaston se fit néanmoins prier pendant quelque temps pour donner plus de prix à son consentement, puis il finit par l’accorder ; puis, quand toutes les affaires d’intérêt eurent été réglées, il fit partir Jeanne pour aller au-devant des ambassadeurs qui devaient la recevoir. Elle fut accompagnée par les chevaliers les plus distingués de Foix et de Béarn, au nombre de plus de 500 lances. C’est au milieu de cette escorte, digne de la fille d’un roi, que Froissard quitta la cour d’Orthez. Il suivit Jeanne jusqu’à Riom en Auvergne, où devait se célébrer le mariage. Il fut présent à toutes les fêtes auxquelles cette union donna lieu. Quant au duc de Berry, qui, malgré son grand âge, avait pressé la conclusion de cette affaire avec l’ardeur et la vivacité d’un jeune homme, il ne lui fut possible de se rendre à Riom que deux jours après sa fiancée ; mais telle était son impatience, qu’arrivé dans la nuit de la Pentecôte (6 juin 1389), il voulut que le mariage fùt célébré le jour même.

Le voyage que le roi Charles VI fit cette année, dans le midi de la France, donna encore lieu à Gaston de déployer sa magnificence. Les exactions commises par les agents du duc de Berry désolaient, depuis long-temps, la Langue-d’Oc. Mais la crainte d’attirer sur soi la haine et la vengeance de ce prince, empêchait que personne fit parvenir au roi les réclamations de la province. Enfin, un religieux de l’ordre de Saint-Bernard, nommé Jean de Grand-Selve, eut le courage de porter, au pied du trône, les plaintes de ses compatriotes. Malgré les obstacles que lui suscita le duc de Berry, ce moine généreux parvint jusqu’au roi. En présence de toute la cour et du duc lui-même,