Page:Gaston Phoebus - La Chasse, J-Lavallee, 1854.djvu/57

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Ci commence le Prologue du livre de Chasse que fist le conte Fébus de Foys, seigneur de Béarn.


Au nom et en tout honneur de Dieu le créateur et seigneur de toutes choses et du benoist son fils Jésucrit et du saint Esperit et de toute la sainte Trinité et de la vierge Marie et de tous les saintz et saintes qui sont en la grace de Dieu, je Gaston, par la grace de Dieu, surnommé Fébus conte de Foys, seigneur de Béarn qui tout mon temps me suis délecté par espécial en trois choses : l’une est en armes : l’autre est en amours, et l’autre si est en chasse. Et quar des deux offices il y a heu de meilleurs mestres trop que je ne suy, quar trop de meilleurs chevaliers ont été que je ne suy, et aussi moult de meilleurs chances d’amours ont heu trop de gens que je n’ay : pource seroit grant niceté[1] se je en parloye. Mes je remet ces deux offices d’armes, d’amours ; quar ceulx qui les voudront suyvir à leur droit y aprendront mieulx de fet que je ne pourroye deviser par parole ; et pour ce m’en tairay. Mes du tiers office, de que je ne doubte que j’aye nul mestre, combien que ce soit vantance, de celuy vouldray je parler : c’est de chasse et mettray par chapitres de toutes natures de bestes et de leurs manières et vie que l’en[2] chasse communément ; quar aucunes gens chassent lions, liépars, chevaulx et buefs sauvaiges, et de cela ne veuill-je pas parler ; quar pou les chasse

  1. Niceté, simplesse. C’est la traduction du mot espagnol necedad.
  2. L’en, l’on.