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doivent ils vivre longuement et sains. Et on desire en cest monde à vivre longuement et sain et en joye et après la fin la salvation de l’ame ; et veneurs ont tout cela. Donc soyez tous veneurs et ferez que sages[1]. Et pour ce je loe[2] et conseille à toutes manières de gens de quelque estat qu’ilz soient qu’ilz ayment les chiens et les chasses et déduits ou d’une beste ou d’autre ou d’oysiaux ; quar d’être ocieux sans amer déduiz de chiens ou d’oysiaux onques, se m’ait Dieux[3], n’en vi prud’homme, pour quant que fust riches. Quar se part de très lâche cuer quant on ne vuelt travailler. Et s’il y avoit besoing ou guerres il ne sauroit que ce seroit ; quar il n’a pas acoustumé le travail et convendroit que autre feust ce qu’il deust fère. Quar on dit touzjours tant vaut seigneur tant vaut sa gent et sa terre. Et aussi dis je que onques ne vi homme qui amast travaill et déduit de chiens et d’oysiaulx qui n’eust moult de bonnes coustumes en soy ; quar celi vient de droicte noblesce et gentillesce de cuer de quelque estat que l’hommesoit, ou grant seigneur ou petit, ou povre ou riche.

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  1. Fere que sage, fere que fol, agir en sage, agir en fol.

    Cette tournure de phrase pleine de grâce et de naïveté, qui malheureusement a passé de mode, était fort usitée autrefois. On lit dans la chanson de Roland, publiée par M. Francisque Michel, stance LXXXI :

    Respont Rollans : « Jà ferè je que fols. »
  2. Loe, loue, vante.
  3. Se m’ait Dieux, si Dieu m’aide.