Aller au contenu

Page:Gaston Phoebus - La Chasse, J-Lavallee, 1854.djvu/67

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Chapitre premier.
Du cerf et de toute sa nature.


Le cerf est assez commune beste ; si ne convient jà dire de sa faisson ; quar pou des gens sont qui bien n’en ayent veu. Ils sont legières bestes et fortes et sachantes à grant merveille. Ilz vont en leur amour que on appelle le ruyt, vers la Sainte Crois de septembre ; et sont en leur grant chaleur un mois tout entier, et avant qu’ilz soyent du tout retrets, près de II moys. Et lors sont ilz fiers et courent sus à l’homme ainsi comme feroit un sanglier qui fust bien eschaufé. Et sont moult périlleuses bestes ; quar grant poine un homme garira s’il est fort blessié d’un cerf. Et pour ce dit on : Après le sanglier le mire, et après le cerf la bière[1].

  1. Le mire, le mière, le médecin.

    Aussitôt que le cerf a touché de sa teste
    Homme, cheval ou chien, ou bien quelque autre beste,
    À tard vient le barbier, à tard le médecin ;
    Car le cuider guérir, c’est travailler en vain.

    (Claude Gauchet, Plaisirs des champs.)

    M. Léon Bertrand a reproduit très heureusement la même idée dans sa fanfare la La Rochejaquelein :

    « Car, comme a dit un vieux proverbe,
    » S’il touche homme, cheval ou chien,
    » Pour les guérir il n’est pas d’herbe ;
    » À tard viendra le médecin. »