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Page:Gasztowtt - Le Poète polonais Jules Slowacki, 1881.djvu/142

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Les enfants sur le sein qui leur donna naissance,
Voilà, Dieu de bonté, ce qui fait ta puissance !

De moi tout être humain, m’apercevant de loin,
Ainsi que d’un maudit s’écartait avec soin.
Ma tente, — par la main de mes filles tissée, —
S’était depuis longtemps noircie à la rosée,
Et sa toile, qu’au sol un pieu retenait seul,
Flétrie et déchirée, avait l’air d’un linceul.
Oh ! l’on reconnaissait la peste à cette tente !
Même des passereaux la foule turbulente
Qui venait autrefois se percher sur ma main,
Se baigner dans le sable et becqueter mon pain,
Cessa, par un instinct secret de la nature,
De s’assembler ici pour chercher sa pâture.
Je me demande encor ce qui les effraya :
Ma tente déchirée ou mon triste visage ?
Mais les petits oiseaux fuyaient sur mon passage,
Et je m’en aperçus, — et cela m’affligea.

Cinq jours après ma fille, — ô ciel impitoyable !
Le soir, la voix des flots devint plus lamentable ;
Le globe du soleil se coucha ténébreux,
Et des nuages noirs assombrirent les cieux.