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Page:Gauchet - Le Plaisir des champs, éd. Blanchemain, 1869.djvu/53

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Beaujour.

Nous nous esbahyssons de la diversité Des arbres qu’on y void en grande quantité ; Nous admirons l’esprit du jardinier habile, Ayant entrelassé, d’une dextre subtile, Maint beau compartiment au milieu du jardin De rue, de lavande, et d’hysope et de thim. Nous admirons l’assiette et les arbres estranges Abondamment chargez de citrons et d’oranges ; Nousadmirons,aubas,lesbeauxpreztousjoursverdz, Maintenant d’un email diversement couvertz, Où, bordé de tilletz et saulle rivagere, Marne court au milieu d’une course légère.

Si tost nous n’eusmes fait le tour du beau verger Qu’on nous vint advertir qu’on portoit à manger. Point nous ne reculions ; Le Gendre (1) ne nous celle Qu’agreable il avoit ceste bonne nouvelle. La pluspart d’entre nous confesse librement Avoir bon appétit. Sans tarder nullement, Nous entrons en la salle, et laissant l’herbe verte, Trouvons de bout en bout la table bien couverte. A laver on nous donne, et tous sans deviner Le haut ou le bas bout commençons à disner. Les mains vont par les platz, et des platz à la bouche ; Personne ne dit mot ; on ne crache ny mouche, Ains mangeants d’appétit, chascun chasse la faim, Reservant le devis du repas à la fin. (a) Popot en ce-pendant, dans une grande couppe, Se fait verser du vin, priant toute la trouppe

a. Var. : N’ayantz jamais trouvé plus salubre le pain.

1. 1604 : Filandre.