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Et nous prenons en main votre œuvre interrompue.
Vous nous avez transmis la science, qui tue :
Devant nous, les menteurs deviennent transparents.
L’humble Religion, de cadavres repue,
À beau bénir le front féroce des tyrans ;
Le Respect et la Foi sont en nous expirants.

 
Les temps sont arrivés. L’œil fixé sur les choses,
Le Peuple veut percer les ténèbres des causes.
Il se sert de l’outil sabré, de la raison.
Toute nue, à ses yeux, Vérité, tut ’exposes,
Et, ton rayonnement emplissant sa prison,
Tu fais s’effacer Dieu derrière l’horizon.


À la place de Dieu, tu montres la Justice.
Tu brises le filet qu’autour du monde tisse,
Ainsi qu’une araignée autour d’un moucheron,
L’erreur ; et tu défends que l’homme s’aplatisse
Devant les premiers gueux hardis qui lui crieront :
— Il est un Dieu, qui m’a mis la couronne au front. —

 
Non, il n’est point de Dieu. Non, il n’est point de tête
Si haute, que chacun l’adore et se soumette,
Sans jamais résister, à son moindre signal.
La Justice pour tous également est faite.
Nul pouvoir ne saurait en bien changer le mal,
Et nous donner pour loi son caprice brutal.