Page:Gautier, Loti - La Fille du Ciel (1912).djvu/11

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


AVANT-PROPOS


Pour bien comprendre la Chine, il faut savoir qu’elle porte au cœur depuis trois cents ans une plaie profonde et toujours saignante. Lorsque le pays fut conquis par les Tartares Mandchous, l’antique dynastie des Ming dut céder le trône à celle des Tsin envahisseurs ; mais la nation chinoise ne cessa ni de la regretter, ni d’attendre son retour. La révolution est donc permanente en Chine ; c’est un feu qui couve éternellement, éclate en incendie dans quelque province, puis s’éteint pour se rallumer bientôt dans une autre.

L’Empire Jaune est sans doute trop immense pour que les révoltés puissent s’entendre et, par un effort collectif, briser enfin le joug des Tartares. Plusieurs fois cependant, les Chinois