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Page:Gautier, Loti - La Fille du Ciel (1912).djvu/127

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L’IMPÉRATRICE

Ah ! non, laissez, je suis à bout de force !… J’ai bien fait ma souveraine, n’est-ce pas, tant qu’il était là, mon enfant ?… À présent qu’il est parti, laissez-moi être une femme, laissez-moi être sa mère !… Je ne le reverrai jamais, lui, que vous venez de m’enlever, jamais, entendez-vous !… Je le sens, je le sais !… Puisque nous sommes au-dessus des hommes, que le Ciel pour nous soit juste et nous donne une force surhumaine !… Pourquoi avons-nous un cœur comme les autres et des sanglots qui le brisent ?… Ah ! celles qui mendient, en haillons, dans les rues, sont moins misérables !… Il ne leur vient pas un bel espion charmeur, pour faire chanceler leur âme, et puis s’enfuir… et, après, on ne leur arrache pas leur enfant !… Votre Impératrice, tenez, elle voudrait être la mendiante, qui a faim, qui a froid, mais qui serre son petit sur sa poitrine…, oui, la mendiante, je vous dis, qui tend la main aux passants, assise sur les marches d’un temple !…

Elle se jette en sanglotant sur les marches de la terrasse. — Rideau.