Page:Gautier, Loti - La Fille du Ciel (1912).djvu/14

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Cet empereur Hon-Fo-Tsen, qui, en effet, avait pu s’enfuir de Nang-King, fut considéré par les vrais Chinois comme le souverain légitime, et sa descendance, secrètement, lui succédera vraisemblablement sans interruption.

Il y a quelques années, un homme très remarquable, qui semblait incarner la Chine nouvelle, rêva une réconciliation pacifique et sincère entre les deux races ennemies. (Il avait bien d’autres rêves encore, comme par exemple celui de fonder les États-Unis du monde.) Il conçut le projet, presque irréalisable, de gagner à ses idées l’empereur de Pékin lui-même et, avec son concours, de réformer la Chine, sans verser de sang. Il s’appelait Kan-You-Wey. Pour se rapprocher de l’empereur, il ouvrit une école à Pékin en 1889.

Des rumeurs, mais combien contradictoires, couraient sur la personnalité de cet invisible empereur Kouang-Su, gardé en tutelle, comme captif au fond de ses palais, et si inconnu de tous. Les uns le disaient bienveillant, lettré, curieux des choses modernes. Les autres le représentaient comme faible d’esprit et de corps, livré à tous les excès et incapable d’agir.

Kan-You-Wey ne voulut croire que la version