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L’EMPEREUR

Qui je suis ? Jusqu’ici rien ; inexistant comme une fumée dans de l’ombre ; rien, mais demain tout, peut-être si vous vouliez… demain tout, et rayonnant à vos côtés comme un soleil dans de l’éther bleu…

L’IMPÉRATRICE, reculant.

Ah ! vous vous souvenez trop de mon indulgence, naguère, à tolérer vos énigmes. Dans le parfum de l’encens, dans la pompe et les atours, j’avais la faiblesse d’une femme. Aujourd’hui, non, vous me retrouvez plus haute et plus inaccessible, précisément parce que je suis vaincue et que je vais mourir.

L’EMPEREUR, s’inclinant devant elle.

Oh ! souveraine, jamais vous ne me fûtes plus sacrée… Ne vous offensez pas de mes paroles et pour un temps encore laissez-moi mon masque et mon mystère. Écoutez seulement ceci : échappé de ce même palais où, il y a quinze jours à peine, vous m’étiez apparue dans la splendeur impériale, je courais vers Pékin, pour demander à l’Empereur, que vous haïssez tant, d’arrêter l’horrible guerre. En route, j’ai su qu’elles mar-