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Page:Gautier, Loti - La Fille du Ciel (1912).djvu/154

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L’IMPÉRATRICE, sans répondre, rejetant comme en rêve la phrase du sacre.

« Soyez attentive et anxieuse comme si vous portiez dans vos mains un vase trop rempli d’eau, dont pas une goutte ne doit tomber. »

LE VEILLEUR, criant du haut du donjon qui surmonte la porte.

Les torches de leur avant-garde arrivent au tournant de l’avenue de l’Est… On commence d’entendre rouler les chariots de leur artillerie…

L’IMPÉRATRICE

Déjà, au tournant de l’avenue de l’Est !… Pour venir à nous, la mort a des ailes… (Elle prend elle-même la coupe emplie de poison que Cinnamome avait cachée derrière une pierre.) Allons, c’est l’heure !… (Aux filles d’honneur qui l’entourent, désignant le bûcher.) Quand le breuvage aura fait son œuvre, vous m’étendrez ici, et, dès que la flamme montera, bien haute et claire, alors, votre service à jamais terminé auprès de votre souveraine, vous viderez aussi le bol d’or, pour me suivre… Elle laisse redescendre le bol de poison qu’elle avait commencé d’élever