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Page:Gautier, Loti - La Fille du Ciel (1912).djvu/161

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L’IMPÉRATRICE

Et le sang coule encore… Et la Terre désertée peuple le royaume des Ombres… Non, assez de morts… J’ai peur, à la fin, peur d’être une souveraine meurtrière et fatale… Tout ce sang, tout ce sang versé pour moi, il me semble que j’ai les mains rouges…

PRINCE-FIDÈLE

Il est inépuisable, le sang de vos sujets… et leur dévouement est sans limite…

L’IMPÉRATRICE, tout à coup très douce, et comme implorant.

Mais mon courage est à bout… (Désignant les soldats, qui entassent toujours le bois du bûcher.) Prince, j’aimerais mourir avec ceux-ci…

PRINCE-FIDÈLE

Vivez, pour que leur mort ne soit point stérile… Vivez pour ramener notre jeune Empereur, que l’armée du Sud nous garde ; vivez pour nous tous et pour lui…

L’IMPÉRATRICE

Mon fils !… Ah ! ne prononcez pas ce nom-là…