Page:Gautier, Loti - La Fille du Ciel (1912).djvu/174

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LES SOLDATS, plus faiblement.

Dix mille années ! Dix mille années !

On entend plus proches les coups de gong des Tartares au dehors.
L’IMPÉRATRICE, aux soldats.

Et moi, je suis une morte comme vous, sachez-le bien ! C’est plus tard seulement que je prendrai mon essor ; mais déjà je suis une morte, — morte à tout ce qui ne sera pas vengeance, fureur de bataille, haine sans merci !… Et je referme sur moi ma porte de bronze ! (Aux soldats proches qui tiennent les leviers.) Scellez-la bien, mes amis, sur votre Impératrice ! Roulez le grand rocher !… Murez-la bien dans son tombeau, la morte vivante !…

Elle referme sur elle-même le battant de la petite porte de bronze. Le chef des soldats, avec quelques hommes qui restent, replacent le rocher, jettent en hâte le ciment et la poussière.

LA VOIX CHANTANTE DU HÉRAUT TARTARE, arrivé au pied de la muraille.

Ordre de l’Empereur ! Respectez ceci : à tous, sans condition, grâce de la vie et de la liberté !…