Page:Gautier, Loti - La Fille du Ciel (1912).djvu/76

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la lune. Quatre suivantes sortent après elle, mais restent en arrière.

L’IMPÉRATRICE, arrêtée en haut du sentier impérial.

Ô nuit enchantée ! Pure lumière ! Frais silence !… Étoiles diamantines, enveloppez-moi de vos scintillements, et toi, lune pâle, prends-moi dans tes rayons bleus ; calmez mon âme, éteignez ma fièvre !… (Elle commence de descendre par le sentier impérial, deux des suivantes descendent aussi, l’une par l’escalier de gauche, l’autre par l’escalier de droite, réglant leur marche sur l’Impératrice, qui reste isolée au milieu.) Le rêve, l’étrange rêve qui me chasse de ma couche j’en subis encore l’épouvante… (Baissant la voix.) l’épouvante et le charme. (À ses suivantes.) Qu’on éveille en hâte l’astrologue, qu’il découvre le sens d’un tel songe, et l’explique sans rien feindre. Écoutez bien mes paroles ; j’allais être la proie d’un serpent aux écailles brillantes ; déjà il m’enlaçait, m’étouffait lentement de ses anneaux froids. Et, fascinée par ses yeux fixes, je n’avais pas la force de lutter ; engourdie, inerte, je m’abandonnais, sans redouter de mourir ; à la terreur et à la souffrance, une langueur presque délicieuse était mêlée… Un effort suprême de volonté cependant me dégagea de