Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 1.djvu/314

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à Pompeï le jour de l’éruption du Vésuve pour sauver la dame aux anneaux d’or et mériter ainsi son amour, n’avait pas entendu une phrase de cette conversation gastronomique. Les deux derniers mots prononcés par Max le frappèrent seuls, et comme il n’avait pas envie d’entamer une discussion, il fit, à tout hasard, un signe d’assentiment, et le groupe amical reprit, en côtoyant les remparts, le chemin de l’hôtellerie.

L’on dressa la table sous l’espèce de porche ouvert qui sert de vestibule à l’osteria, et dont les murailles, crépies à la chaux, étaient décorées de quelques croûtes qualifiées par l’hôte : Salvator Rosa, Espagnolet, cavalier Massimo et autres noms célèbres de l’école napolitaine, qu’il se crut obligé d’exalter.

« Hôte vénérable, dit Fabio, ne déployez pas votre éloquence en pure perte. Nous ne sommes pas des Anglais, et nous préférons les jeunes filles aux vieilles toiles. Envoyez-nous plutôt la liste de vos vins par cette belle brune, aux yeux de velours, que j’ai aperçue dans l’escalier. »

Le palforio, comprenant que ses hôtes n’appartenaient pas au genre mystifiable des philistins et des bourgeois, cessa de vanter sa galerie pour glorifier sa cave. D’abord, il avait tous les vins des meilleurs crus : château-Margaux, grand-Laffitte retour des Indes, sillery de Moët, hochmeyer, scarlat-wine, porto et porter, ale et gin-