Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 1.djvu/328

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ce pauvre barbare égaré dans cette ville gréco-romaine, il lui dit d’une voix accentuée et douce :

« Advena, salve. »

Rien n’était plus naturel qu’un habitant de Pompeï, sous le règne du divin empereur Titus, très-puissant et très-auguste, s’exprimât en latin, et pourtant Octavien tressaillit en entendant cette langue morte dans une bouche vivante. C’est alors qu’il se félicita d’avoir été fort en thème, et remporté des prix au concours général. Le latin enseigné par l’Université lui servit en cette occasion unique, et rappelant en lui ses souvenirs de classe, il répondit au salut du Pompeïen en style de De viris illustribus et de Selectæ è profanis, d’une façon suffisamment intelligible, mais avec un accent parisien qui fit sourire le jeune homme.

« Il te sera peut-être plus facile de parler grec, dit le Pompeïen ; je sais aussi cette langue, car j’ai fait mes études à Athènes.

— Je sais encore moins de grec que de latin, répondit Octavien ; je suis du pays des Gaulois, de Paris, de Lutèce.

— Je connais ce pays. Mon aïeul a fait la guerre dans les Gaules sous le grand Jules César. Mais quel étrange costume portes-tu ? Les Gaulois que j’ai vus à Rome n’étaient pas habillés ainsi. »

Octavien entreprit de faire comprendre au jeune Pompeïen que vingt siècles s’étaient écou-