Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 1.djvu/393

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Des rochers artificiels, dans l’interstice desquels des saules, des noyers plongeaient leurs racines, servaient, du côté de la terre, de base à ces jolies constructions ; du côté de l’eau, elles portaient sur des poteaux de bois indestructible.

C’était en réalité un coup d’œil charmant de voir le saule précipiter du haut de ces rochers vers la surface de l’eau ses filaments d’or et ses houppes de soie, et les couleurs brillantes des pavillons reluire dans un cadre de feuillages bigarrés.

Sous le cristal de l’onde folâtraient par bandes des poissons d’azur écaillés d’or ; des flottes de jolis canards à cols d’émeraude manœuvraient en tous sens, et les larges feuilles du nymphœa-nélumbo s’étalaient paresseusement sous la transparence diamantée de ce petit lac alimenté par une source vive.

Excepté vers le milieu, où le fond était formé d’un sable argenté d’une finesse extraordinaire, et où les bouillons de la source qui sourdait n’eussent pas permis à la végétation aquatique d’implanter ses fibrilles, tout le reste de l’étang était tapissé du plus beau velours vert qu’on puisse imaginer, par des nappes de cresson vivace.

Sans cette vilaine muraille élevée par l’inimitié réciproque des deux voisins, il n’y eût pas eu assurément, dans toute l’étendue de l’Empire du milieu, qui, comme on le sait, occupe