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arbres des promenades, tout frisés et tout verts, ou bien un joli violon avec ses chevilles sculptées au manche et son archet en crin de cheval. — Oh ! que n’avons-nous une boîte pareille ! »

Et les mères, en pâlissant, les embrassaient et les faisaient taire :

« Imprudents que vous êtes, ne dites pas cela ; ne la souhaitez pas la boîte à joujoux, la boîte à violon que l’on porte sous le bras en pleurant ; vous l’aurez assez tôt, pauvres petits ! »

Quand la mère de Hanz fut rentrée, elle prit le cadavre mignon et encore joli de son fils, et se mit à lui faire cette dernière toilette qu’il faut bien soigner, car elle doit durer l’éternité.

Elle le revêtit de ses habits du dimanche, de sa robe de soie et de sa pelisse à fourrures, pour qu’il n’eût pas froid dans l’endroit humide où il allait. Elle plaça à côté de lui la poupée aux yeux d’émail qu’il aimait tant qu’il la faisait coucher dans son berceau.

Mais, au moment de rabattre le linceul sur le corps à qui elle avait donné mille fois le dernier baiser, elle s’aperçut qu’elle avait oublié de mettre à l’enfant mort ses jolis petits souliers rouges.

Elle les chercha dans la chambre, car cela lui faisait de la peine de voir nus ces pieds autrefois si tièdes et si vermeils, maintenant si glacés et si pâles ; mais, pendant son absence, les rats ayant trouvé les souliers sous le lit, faute de