Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 1.djvu/425

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argentée. Cela faisait penser Edwige au corbeau singulier qui se tenait toujours sur l’épaule de l’étranger au doux regard de tigre, au charmant sourire de vipère.

Et ses larmes tombaient plus vite de ses yeux sur son cœur, sur son cœur percé à jour.

Le jeune Oluf est un enfant bien étrange : on dirait qu’il y a dans sa petite peau blanche et vermeille deux enfants d’un caractère différent ; un jour il est bon comme un ange, un autre jour il est méchant comme un diable, il mord le sein de sa mère et déchire à coup d’ongles le visage de sa gouvernante.

Le vieux comte Lodbrog, souriant dans sa moustache grise, dit qu’Oluf fera un bon soldat et qu’il a l’humeur belliqueuse. Le fait est qu’Oluf est un petit drôle insupportable : tantôt il pleure, tantôt il rit ; il est capricieux comme la lune, fantasque comme une femme ; il va, vient, s’arrête tout à coup sans motif apparent, abandonne ce qu’il avait entrepris et fait succéder à la turbulence la plus inquiète l’immobilité la plus absolue ; quoiqu’il soit seul, il paraît converser avec un interlocuteur invisible ! Quand on lui demande la cause de toutes ces agitations, il dit que l’étoile rouge le tourmente.

Oluf a bientôt quinze ans. Son caractère devient de plus en plus inexplicable ; sa physionomie, quoique parfaitement belle, est d’une expression embarrassante ; il est blond comme