Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 1.djvu/472

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sonnettes à bouton de cuivre n’ayant pas encore pénétré dans ces pays reculés, et j’entendis plusieurs fois le cordon grincer sans succès ; enfin, cédant à une traction plus vigoureuse, le vieux pêne rouillé s’ouvrit, et la porte aux ais massifs put tourner sur ses gonds.

Derrière une vitre d’une transparence jaunâtre apparut, à mon entrée, la tête d’une vieille portière ébauchée par le tremblotement d’une chandelle, un tableau de Skalken tout fait. — La tête me fit une grimace singulière, et un doigt maigre, s’allongeant hors de la loge, m’indiqua le chemin.

Autant que je pouvais le distinguer, à la pâle lueur qui tombe toujours, même du ciel le plus obscur, la cour que je traversais était entourée de bâtiments d’architecture ancienne à pignons aigus ; je me sentais les pieds mouillés comme si j’eusse marché dans une prairie, car l’interstice des pavés était rempli d’herbe.

Les hautes fenêtres à carreaux étroits de l’escalier, flamboyant sur la façade sombre, me servaient de guide et ne me permettaient pas de m’égarer.

Le perron franchi, je me trouvai au bas d’un de ces immenses escaliers comme on les construisait du temps de Louis XIV, et dans lesquels une maison moderne danserait à l’aise. — Une chimère égyptienne dans le goût de Lebrun, chevauchée par un Amour, allongeait ses