Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 2.djvu/124

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assurée d’emporter, sans coup férir, le cœur de Fortunio.

Ô vivace espérance ! comme tu relèves obstinément tes rameaux élastiques et souples courbés sous le pied lourd du désappointement, et comme il te faut peu de temps pour t’épanouir en fleurs merveilleuses et pousser de tous côtés de vigoureuses frondaisons !

Voici un enfant qui tout à l’heure était plus pâle que la statue d’albâtre que l’on aurait couchée sur son tombeau, et dont les veines bleuâtres semblaient courir dans l’épaisseur d’un marbre plutôt que sous une chair vivante, et qui maintenant sautille en pépiant par la chambre, joyeuse comme un passereau au mois de mai.

« Jacinthe, Jacinthe, vite, habille-moi, chausse-moi ; je veux sortir !

― Quelle robe veut mettre madame ? répondit Jacinthe en pesant chaque syllabe, pour lui donner le temps de la réflexion.

― La première que tu trouveras sous la main, fit la petite avec un charmant geste d’impatience. ― Mais, de grâce, sois prompte. Tu es plus lente qu’une tortue ; on dirait que tu as une carapace sur le dos. »

Jacinthe apporta une robe blanche à laquelle une petite raie d’un rose très pâle donnait une teinte de chair délicate, approchant de celle des hortensias lorsqu’ils viennent de s’épanouir.

Musidora la mit sans corset, tant elle avait