Le Roi et ses barons viendront à notre secours.
— À Dieu ne plaise, » répond Roland,
Que mes parents jamais soient blâmés à cause de moi,
Ni que France la douce tombe jamais dans le déshonneur !
Non, mais je frapperai grands coups de Durendal,
Ma bonne épée, que j’ai ceinte à mon côté.
Vous en verrez tout le fer ensanglanté.
Félons païens sont assemblés ici pour leur malheur
Je vous jure qu’ils sont tous condamnés à mort. »Aoi.
XCI
Le son en ira jusqu’à Charles, qui passe aux défilés,
" Et les Français, je vous le jure, retourneront sur leurs pas.
" — À Dieu ne plaise, » répond Roland,
" Qu’il soit jamais dit par aucun homme vivant
" Que j’ai sonné mon cor à cause des païens !
" Je ne ferai pas aux miens ce déshonneur,
" Mais quand je serai dans la grande bataille,
" J’y frapperai mille et sept cents coups :
" De Durendal vous verrez le fer tout sanglant.
" Français sont bons : ils frapperont en braves ;
" Les Sarrasins ne peuvent échapper à la mort. »Aoi.
XCII
" Je ne vois pas où serait le déshonneur, » dit Olivier.
" J’ai vu, j’ai vu les Sarrasins d’Espagne ;
" Les vallées, les montagnes en sont couvertes ;
" Et les landes aussi, et toutes les plaines.
" Qu’elle est puissante, l’armée de la gent étrangère,
" Et que petite est notre compagnie !
" — Tant mieux, » répond Roland, " mon ardeur s’en accroît.
" Ne plaise à Dieu, ni à ses très saints anges,
" Que France, à cause de moi, perde de sa valeur !
" Plutôt la mort que le déshonneur.
" Plus nous frappons, plus l’Empereur nous aime ! »Aoi.