XCIII
Roland est preux, mais Olivier est sage ;
Ils sont tous deux de merveilleux courage,
Puis d’ailleurs qu’ils sont, à cheval et en armes,
Ils aimeraient mieux mourir qu’esquiver la bataille.
Les comtes ont l’âme bonne, et hautes sont leurs paroles...
Félons païens chevauchent par grande ire.
Voyez un peu, Roland, » dit Olivier ;
Les voici près de nous, et. Charles est trop loin.
Ah ! vous n’avez pas voulu sonner de votre cor ;
Le Roi serait ici, et nous ne serions pas en danger.
Mais ceux qui sont là-bas ne méritent aucun blâme ;
Jetez les yeux là-haut, -vers les défilés d’Aspre :
Vous y verrez dolente arrière-garde.
Tel s’y trouve aujourd’hui qui plus jamais ne sera dans une autre.
— Ne parlez pas aussi follement, » répond Roland.
Maudit soit qui porte un lâche cœur au ventre !
Nous tiendrons pied fortement sur la place :
De nous viendront les coups, et de nous la bataille ! »Aoi.
XCIV
Il se fait plus fier que lion ou léopard.
Il interpelle les Français, puis, Olivier :
Ne parle plus ainsi, ami et, compagnon ; :
L’Empereur, qui nous, laissa ses Français,
A mis à part ces vingt mille que voici. — :
Pas un lâche parmi eux, Charles le sait bien.
Pour son seigneur on doit souffrir grands maux,
Endurer le chaud et le froid,
Perdre de son sang et de sa chair.
Frappe de ta lande, Olivier, et moi, de Durendal,
Ma bonne épée que me donna le Roi.
Et si je meurs, qui l’aura pourra dire :
C’était l’épée d’un noble vassal ! »Aoi.