Page:Gautier - Chanson de Roland onzieme edition 1881.djvu/239

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CLXVIII

Quand il sait qu’on ne lui fera point de quartier,
L’homme dans la bataille se défend rudement :
Et c’est pourquoi les Français sont fiers comme des lions.
Voici Marsile, qui a tout l’air d’un vrai baron,
1890Monté sur son cheval qu’il appelle Gaignon
Et qui est plus rapide qu’un faucon :
Il l’éperonne vivement et va frapper Beuvon,
Sire de Beaune et de Dijon ;
Il lui brise l’écu, lui rompt les mailles du haubert,
Et, sans plus de façons, l’abat raide mort.
1895Puis le roi sarrasin tua Ivoire et Ivon,
Et avec eux Girard de Roussillon.
Le comte Roland n’était pas loin :
" Que le Seigneur Dieu te maudisse, » dit-il au païen,
« Puisque tu m’as, contre tout droit, tué mes compagnons.
1900« Tu vas, avant de nous séparer, le payer d’un rude coup
« Et savoir aujourd’hui le nom de mon épée. »
Alors il va le frapper en vrai baron
Et lui tranche du coup le poing droit ;
Puis il prend la tête de Jurfaleu le blond,
1905Qui était le propre fils du roi Marsile :
« À l’aide ! à l’aide, Mahomet ! » s’écrient les païens.
« Vengez-nous de Charles, ô nos dieux.
" Quels félons il nous a laissés sur la terre d’Espagne !
« Plutôt que de nous laisser le champ, ils mourront. »
1910« — Enfuyons-nous au plus vite ! » se disent-ils l’un à l’autre.
Et voilà que, sur ce mot, cent mille hommes tournent le dos.
Les -rappeler ? c’est inutile. Ils ne reviendront pas.Aoi.

CLXIX

Il a perdu son poing droit, le roi Marsile.
Alors, il jette à terre son écu,

Bourgogne, la Karlamagnus Saga. Ivon seul figure dans, la Chronique de Weihenstephan. L’auteur de la Prise </poem> de Pampelune les regarde comme les fils de Naimes. = 1912. Lacune comblée. Voir la note du t. 318.