Aller au contenu

Page:Gautier - Chanson de Roland onzieme edition 1881.djvu/241

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Pique son cheval de ses éperons aigus,
Lui lâche les rênes et s’enfuit du côté de l’Espagne.
Vingt mille païens s’enfuient avec lui,
El il n’en est pas un qui n’ait reçu quelque blessure :
« Le neveu de Charles a vaincu, » se disent-ils l’un à l’autre.Aoi.


CLXX


Mais, hélas ! à quoi bon ? Si Marsile est en fuite,
Son oncle le Calife est resté.
1915Or c’est celui qui tenait Carthage, Alferne, Garmaille
Et l’Ethiopie, une terre maudite ;
C’est celui qui était le chef de la race noire,
Au nez énorme, aux larges oreilles :
Et il y en a là plus de cinquante mille
1920Qui chevauchent fièrement et en grande colère,
Et qui jettent le cri d’armes païen.
" C’est ici, s’écrie alors Roland, c’est ici que nous serons martyrs.
" Maintenant, je sais bien que nous n’avons plus longtemps à vivre ;
« Mais maudit celui qui ne se vendra chèrement !
1925« Frappez, seigneurs, frappez de vos épées fourbies ;
« Disputez bien votre mort, votre vie,
« Et surtout que France la douce ne soit pas déshonorée.
« Quand Charles mon seigneur viendra sur ce champ de bataille,
« Quand il verra le massacre des Sarrasins,
1930« Quand pour un des nôtres il en trouvera quinze d’entre eux parmi les morts,
« L’Empereur ne pourra pas ne point nous bénir. »Aoi.








MORT D’OLIVIER





CLXXI





<poem class="verse">
Quand Roland aperçoit la gent maudite
Qui est plus noire que de l’encre
Et n’a de blanc que les dents