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Page:Gautier - Chanson de Roland onzieme edition 1881.djvu/418

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sont menacés par toute la famille de Ganelon et d’Hardré ; mais il a la joie d’assister à leur triomphe. (Ibid., pp : 418-442.) C’est alors que, dégoûté des grandeurs, il s’échappe un jour de son château et va, comme maçon, comme manœuvre, offrir humblement ses services à l’architecte de la cathédrale de Cologne.(Ibid., pp. 442-443.) Sa forceet son désintéressement excitent la jalousie des autres ouvriers ; qui le tuent (Ibid., pp. 443-450) ; mais Dieu fait ici un grand prodige : le corps de Renaud, jeté dans le Rhin, surnage miraculeusement au milieu de la lumière et des chants angéliques ; puis, comme un autre saint Denis, il guide lui-même jusqu’à Trémoigne les nombreux témoins de ce miracle. (Ibid., pp. 450-454.) C’est plus tard seulement qu’on reconnut le fils du duc Aymon, dont l’intercession faisait des miracles. Et saint Renaud, canonisé populairement ; reçut les honneurs dus aux serviteurs de Dieu. (Ibid., pp. 454-457.)

3o OGIER DE DANEMARK.

Ogier était le fils de ce roi de Danemark qui avait jadis outragé les messagers de Charles. Otage de son père, il avait été retenu prisonnier par l’Empereur ; qui même voulut un jour le faire mourir. Nous avons vu plus haut comment il mérita le pardon de Charlemagne en combattant contre les Sarrasins envahisseurs de Rome ; en luttant contre Caraheu et Danemont. (Chevalerie Ogier de Danemarche, poème attribué à Raimbert, XIIe siècle, 174-3102.) Le Danois, vainqueur, se reposait depuis longtemps à la cour de Charlermagne ; mais il en est de lui comme de Renaud de Montauban, et une partie d’échecs va changer sa fortune. Son fils ; Baudouinet, est tué par le fils de l’Empereur, Charlot, qu’il a fait échec et mat. (Ibid., vers3152 ; 3180.) Ogier l’apprend ; Ogier veut tuer le meurtrier ; mais, assailli par mille Français, il est forcé de s’enfuir et va jusqu’à Pavie demander asile au roi Didier, qui le fait soudain ganfalonier de son royaume. (Ibid., 3181-3541.) Charlemagne le poursuit jusque-là et réclame du roi lombard l’expulsion du Danois : Ogier jette un couteau à la tête de l’ambassadeur impérial. (Ibid., 1074-1288.) Charles veut se venger à tout prix. Les Lombards défendent Ogier : guerre aux Lombards. Une formidable bataille se livre entre les deux armées, entre les deux peuples. Didier s’enfuit ; Ogier resté, avec cinq cents hommes ; en présence de toute l’armée française. Sa résistance est héroïque ; mais inutile : Il est forcé de se retirer devant cent mille ennemis. (Ibid. ; 1534-5883.) C’est pendant celle fuite ; ou plutôt durant cette retraite ; que, devenu tout à fait fou de colère, Ogier égorge lâchement Amis et Amiles. (Ibid., 5884-5891.) Mais la poursuite continue, continue toujours. Par bonheur, Ogier a un admirable cheval, Broiefort ; qui prend enfin son galop à travers ces cent mille ennemis et sauve son maître déjà cerné. Le Danois parvient à s’enfermer dans Castelfort : le siège de Castelfort va commencer, (Ibid. ; 5892-6688.) Dans ce château Ogier est seul ; tout seul ; et il a devant lui l’armée de Charlemagne. Son ami Guielin a succombé ; tous ses chevaliers sont morts ; et c’est l’Occident tout entier qui semble conjuré contre le seul Danois. (Ibid., 6689-8374.) Ne pouvant rien par la force ; il essaye de la ruse ; et fabrique en bois de nombreux chevaliers qui étonnent l’ennemi et l’arrêtent. Malgré tout, il va mourir de faim, et sort de cet asile : Il en sort avec le dessein d’égorger l’Empereur, et essayé en réalité d’assassiner Charlot, qui cependant s’est montré pour lui plein de générosité et de douceur. Mais, de nouveau poursuivi, Ogier est enfin fait prisonnier, et le voilà captif à Reims. (Ibid., 8375-9424.) Charles veut l’y laisser mourir de faim ; mais Turpin