Page:Gautier - Chanson de Roland onzieme edition 1881.djvu/447

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croire que cet acier était souvent doré : c’est du moins la manière d’expliquer les mots de helmes à or (3911 et 1954), à moins qu’il ne s’agisse uniquement ici des richesses du cercle et des armatares ou arêtes qui se rejoignaient parfois au sommet du heaume. = Le cercle ? On ne trouve pas ce mot dans notre poème ; mais" c’est du cercle peut-être qu’il est question dans ces vers où l’on montre le heaume semé de pierres fines, de « pierres gemmées d’or », de perles gemmées d’or (de perles, c’est-à-dire de verroteries) : L’helme li freint ù li gemmes reflambent (3616) ; L’helme li freint ù li carbuncle luisent (1326) : Luisent cil helme as pierres d’or gemmées (1452 et 3306), etc. = Non seulement le cône est bordé par ce cercle, mais « il est parfois renforcé dans toute sa hauteur par deux arêtes placées l’une devant, l’autre derrière, ou par quatre bandes de métal ornementées, venant aboutir et se croiser à son sommet ». (Demay, le Costume de guerre, p. 132.) = Enfin le nasel est clairement et nominativement indiqué par ces vers : Tut li delrenchet d’ici que à l’ nasel (1996) ; Tresque à l’nasel li ad freint e fendut (3927), etc. Le « nasel » était une pièce de fer quadrangulaire, ou d’autres formes (voir la fig. 10), destinée à protéger le nez. L’effet en était disgracieux autant que l’emploi en était utile. = Une particularité qui est indiquée très nettement, et qui est cent fois attestée dans notre Chanson, c’est la manière dont le heaume était fermé, attaché sur la tête, ou plutôt sur le capuchon de mailles. Ces deux mots vont souvent ensemble : Helmes laciez (712, 1042, 3086), etc. Et quand Roland va porter secours à l’archevèque Turpin : Sun helme à or li deslaçai de l’ chief. (2170.) Tout au contraire, quand les héros s’arment pour la bataille, lacent lur helmes (2989), etc. = Où se trouvaient ces lacs, qui sans doute étaient des liens de cuir passant d’une part dans une maille du haubert et, de l’autre, dans quelques trous pratiqués au cercle ? La question est assez difficile à résoudre, même d’après les monuments figurés. Ce qu’il y a de certain, c’est qu’il y en avait un certain nombre. Naimes reçoit de Canaheu un coup terrible qui lui tranche cinq lacs de son heaume. Tout le passage est digne d’attention : Si fiert Naimun en l’helme principal ; — A l’ brant d’acier l’en trenchet cinq des laz. — Li capeliers un denier ne li vall ; — Trenchet la coife entresque à la carn. (3432 et suivants.) La coife, c’est le capuchon du haubert, c’est le capuchon de mailles que l’on portait sous le heaume. On comprend aisément que, pour ajuster un casque de fer sur un bonnet de mailles, il était absolument nécessaire de l’attacher. (Voir la planche XII de la tapisserie de Bayeux, dans le tome VI des Velusta monumenta, Londres, 1835. On y voit un chevalier sans heaume et revêtu du seul capuchon de mailles.) Le capelier, qu’il ne faut pas confondre avec la coife, « n’est autre chose, suivant M. Quicherat, qu’une calotte de fer sous le heaume. » = Les heaumes de Sarragosse sont renommés. ; (996.) Est-ce pour la qualité de leur acier ? Au XVIe siècle, Rabelais, comme nous l’avons dit, parle encore d’un poignart sarragossoys ; (Gargantua, I, 8.)


2o Le haubert, c’est le vêtement de mailles, la tunique de mailles,- la chemise de mailles. Sous le haubert on porte le blialt. Quand Roland porte secours à l’archevêque Turpin : Si li tolit le blanc osberc legier.Puis, sun blialt li ad dut detrenchiet,En ses granz plaies les pans li ad bulet (2172), etc. Et c’est ce qui est encore mieux expliqué par ces vers de Huon de Bordeaux : Li autre l’ont maintenant désarmé ; — De l’ dos li ostent le bon osberc saffré ;Ens el