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Page:Gautier - Chanson de Roland onzieme edition 1881.djvu/75

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130« Quatre cents mulets chargés d’argent et d’or,
« Tout ce que peuvent porter cinquante chars.
« Vous aurez tant et tant de besants de l’or le plus fin,
« Que vous pourrez enfin payer tous vos soldats.
« Mais il y a trop longtemps que vous êtes en ce pays,
135« Et vous devriez retourner en France, à Aix.
« Mon maître vous y suivra, c’est lui-même qui vous le promet,
« Et il y recevra votre loi.
« Il y deviendra, mains jointes, votre vassal
« Et tiendra de vous le royaume d’Espagne. »
L’Empereur élève alors ses deux mains vers Dieu ;
Il baisse la tête et commence à penser.Aoi.


X


L’Empereur demeurait là, tête baissée ;
140Car jamais sa parole ne fut hâtive,
Et sa coutume est de ne parler qu’à loisir.
Quand enfin il se redressa, très fier était son visage :
ce Vous avez bien parlé, » dit-il aux messagers.
« Cependant le roi Marsile est mon grand ennemi,
145ce Ces paroles que vous venez de prononcer,
« En quelle mesure puis-je m’y fier ?
« — Vous aurez de bons otages, » répond le Sarrasin ;
« Nous vous en donnerons dix, quinze, vingt-.
« Mon fils sera du nombre, dût-il y périr.
150« Et vous en aurez, je pense, de plus nobles encore.
« Lorsque vous serez de retour en votre palais seigneurial,
« À la grande fête de saint Michel du Péril,
« Mon maître, c’est lui qui vous le promet, vous suivra
« A vos eaux d’Aix, que Dieu a fait jaillir pour vous,
155« Et là consentira à devenir chrétien.
« — C’est ainsi, » répond Charles, «qu’il pourra encore se sauver. »Aoi.


XI


Le soir fut beau, le soleil clair.
Charles fait conduire les dix mules dans ses étables :
Puis, dans le grand verger, fait tendre un pavillon