Page:Gautier - Constantinople, Fasquelle, 1899.djvu/115

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
109
CAFÉS.

Citons encore un café assez remarquable situé près du Vieux-Pont, à Oun-Capan, sur la Corne-d’Or, et principalement hanté par les Grecs du Phanar. On y aborde en caïque, et, tout en fumant sa pipe, on y jouit de la vue des barques qui vont et viennent, et des évolutions des goëlands rasant l’eau du bout de l’aile, ou des éperviers traçant de grands cercles dans le bleu du ciel.

Tels sont, à quelques variations prés, les types des cafés turcs, qui ne ressemblent guère à l’idée qu’on s’en fait en France, mais qui ne me surprirent pas, préparé que j’étais par les cafés algériens, encore plus primitifs, si c’est possible. — Souvent ils sont égayés par des troupes de musiciens chantant et jouant des instruments sur des tons bizarres et des rhythmes insaisissables pour des oreilles européennes, mais que les Orientaux écoutent pendant des heures entières avec des signes d’un plaisir que j’ai partagé quelquefois, je l’avoue dussent Meyer-Beer, Halévy et Berlioz me mépriser profondément et me traiter de barbare. J’aurai occasion de revenir sur ces musiciens, qui, au moins, sont pittoresques, s’ils ne sont pas harmonieux.