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XVII

LA RUPTURE DU JEÛNE


J’ai prononcé bien souvent le mot « caïque, » et il serait difficile de faire autrement lorsque l’on parle de Constantinople ; mais je m’aperçois que je n’ai donné aucune description de la chose, qui cependant en vaut la peine ; car le caïque est assurément la plus gracieuse embarcation qui ait jamais sillonné l’eau bleue de la mer. À côté du caïque turc, la gondole vénitienne, si élégante pourtant, n’est qu’un grossier bahut, et les barcarols sont d’ignobles drôles comparés aux caïdjis.

Le caïque est une barque de quinze à vingt pieds de long sur trois de large, taillée comme un patin, se terminant à chaque extrémité de manière à pouvoir marcher dans les deux sens ; le bordage est fait de deux longues planches sculptées à l’intérieur d’une frise représentant des feuillages, des fleurs, des fruits, des nœuds de rubans, des carquois en sautoir et autres menus ornements ; deux ou trois planches, découpées à jour et formant arc-boutant, divisent la barque et en soutiennent