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CONSTANTINOPLE.

étages hors d’aplomb, présentaient un aspect de cages à poulets effondrées. Une fontaine en ruines laissait filtrer son eau, extravasée dans une conque verdie ; un turbé démantelé, envahi par les ronces, les orties et les asphodèles, montrait dans l’ombre, à travers ses grilles obstruées de toiles d’araignée, quelques cippes funèbres penchant à droite et à gauche et n’offrant plus que des inscriptions illisibles ; un marabout arrondissait son dôme grossièrement plâtré de chaux et flanqué d’un minaret semblable à une chandelle coiffée de son éteignoir ; au-dessus des longs murs, jaillissaient des pointes noires de cyprès, ou se déversaient sur la rue des touffes de sycomores et de platanes ; plus de mosquées aux colonnes de marbre, aux galeries mauresques, plus de konacks de pacha peints de vives couleurs et projetant leurs gracieux cabinets aériens, mais par places de grands tas de cendres au milieu desquels s’élèvent quelques cheminées de briques noircies restées debout, et sur cette misère et cet abandonna pure, blanche, implacable lumière d’Orient, qui fait ressortir cruellement la tristesse de chaque détail.

De ruelles en ruelles, de carrefours en carrefours, nous arrivâmes à un grand khan morne et délabré, aux hautes arcades, aux longs murs de pierre, destiné à loger les caravanes de chameaux : c’était l’heure de la prière, et, sur la galerie extérieure du minaret de la mosquée voisine, deux muezzins vêtus de blanc circulaient d’un pas de fantôme, jetant, avec leur voix d’une tonalité étrange, la formule sacramentelle de l’islam à ces maisons muettes, aveugles et sourdes, s’écroulant dans le silence et la solitude. Ce verset du Koran, qui semblait descendre du ciel modulé par une voix suavement gutturale, n’éveillait d’autre bruit que le soupir plaintif de quelque chien troublé dans son rêve et les battements d’ailes d’une colombe effrayée. Les muezzins n’en continuèrent pas moins leur ronde impassible, lançant