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Page:Gautier - Constantinople, Fasquelle, 1899.djvu/297

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XXIV

LE PALAIS DU BOSPHORE. — SULTAN MAHMOUD. — LE DERVICHE


Quand on se promène en caïque sur le Bosphore et qu’on a dépassé la Tour de Léandre, on aperçoit en face de Scutari un immense palais en construction qui baigne ses pieds blancs dans l’eau bleue et rapide. Il existe en Orient une superstition soigneusement entretenue par les architectes, c’est qu’on ne meurt pas tant que la demeure qu’on se fait construire n’est pas achevée ; aussi les sultans ont-ils toujours soin d’avoir quelque palais en train.

Chose rare chez les Turcs, qui consacrent les matériaux solides et précieux à la maison de Dieu, et n’élèvent pour l’habitation transitoire de l’homme que des kiosques de bois aussi peu durables que lui, ce palais est tout en marbre et fait pour l’éternité. — Il se compose d’un grand corps de bâtiment et de deux ailes. Dire à quel ordre d’architecture il appartient serait difficile ; il n’est ni grec, ni romain, ni