Page:Gautier - Constantinople, Fasquelle, 1899.djvu/322

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
316
CONSTANTINOPLE.

siers), avec sa robe d’étoffe d’or, sa ceinture de cachemire fermée de plaques métalliques d’où jaillit tout un arsenal ; son bonnet d’or se termine et s’aiguise en croissant, une corne devant, une corne derrière, fantasque coiffure qui fait penser à l’Isis lunaire ; ce chef des huissiers, qui ne serait pas déplacé à la porte du palais de Thèbes ou de Memphis, tient à la main une verge d’acier au pommeau bifurqué, assez pareille à un nilomètre, autre ressemblance égyptienne ; cette verge est l’insigne de ses fonctions. Un agha du seraï se montre ensuite en robe de soie blanche serrée par une ceinture à plaques d’or et surmonté d’un bonnet cylindrique. Ce mannequin, vêtu de même, sauf sa coiffure d’or qui s’évase au sommet par quatre courbes, comme un chapska de lancier polonais, est un dilciz (muet), un de ces sinistres exécuteurs des justices ou des vengeances secrètes, qui passaient au cou des pachas rebelles le fatal cordon de soie, et dont l’apparition silencieuse faisait pâlir les plus intrépides.

Après sont groupés les serikdji-bachi, à qui est commise la garde des turbans du Grand Seigneur, les cuisiniers, les jardiniers avec leur bonnet rouge, pareil à celui des Catalans, retombant en arrière comme une espèce de poche ; les portiers, les baltadgis aux cheveux frisés, au bonnet persan ; les soulak en doliman abricot et en pantalon rouge, comme Rubini lorsqu’il joue le More de Venise ; les peyik à la robe violette et au bonnet rond, surmonté d’une aigrette de plumes ouvertes en éventail. Les baltadjis, les soulak et les peyik forment la garde particulière du sultan et l’entourent dans les occasions solennelles, au Beïram, au Courban-Beïram, et lorsqu’il se rend en cérémonies aux mosquées.

La série est close par deux nains fantasquement accoutrés. — Ces petits monstres à figure de gnome et de kobold ont à