Page:Gautier - Constantinople, Fasquelle, 1899.djvu/84

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

VI

LE PETIT CHAMP, LA CORNE-D’OR


Le logement qu’on m’avait préparé occupait le premier étage d’une maison située à l’extrémité d’une rue du quartier Franc, le seul que les Européens puissent habiter. Cette rue va de la grande rue de Péra au petit Champ-des-Morts, et je ne vous la désigne pas plus clairement, par la raison péremptoire qu’à Constantinople les rues ne portent à leurs angles aucune désignation, ni turque, ni française. En outre, les maisons ne sont pas numérotées, ce qui complique la difficulté. À travers ce dédale anonyme, chacun se conduit au juger et se retrouve au moyen de ses remarques particulières. Le fil d’Ariane ou les cailloux blancs du Petit-Poucet seraient ici fort utiles ; quant à émietter son pain sur la route, il n’y faut pas penser : les chiens l’auraient bientôt mangé, à défaut des oiseaux du ciel. — À propos de chiens, mon point de repère, pour connaître mon logis pendant les premiers jours qui suivirent mon arrivée, était un grand