Page:Gautier - En Chine, Les arts graphiques, 1911.djvu/21

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L’Impératrice Youen-Fi, alors régnante, sortit un jour en grande pompe de son palais, et alla planter de sa main dans un des temples de la capitale un jeune mûrier, puis elle enseigna la culture et l’élevage des vers à soie. Les Chinois reconnaissants ont déifié Youen-Fi, et lui rendent hommage encore aujourd’hui.

On ne peut pas dire des Chinois, qu’ils n’ont pas inventé la poudre car ils l’ont inventée. Au siège de la ville Lian-Lian, il y a neuf siècles, ils en emplirent des globes de fer qui éclataient, et qu’ils lançaient à l’aide de tubes les obus, ou à peu près :

Mais on n’a pas cherché à perfectionner et à répandre l’art de s’entre-détruire. Le peuple qui, cinq cents ans avant le Christianisme, a proc1anlé que tous les hommes sont frères, ne pouvait penser qu’à se défendre. Sitôt l’ordre rétabli, on fondait les armes pour en faire des instruments d’agriculture, on licenciait l’armée pour rendre les travailleurs à la terre et le terrible engin n’avait plus que des fracas joyeux sous la forme de ravissants feux’d'artifice.

La porcelaine, elle aussi, est originaire de Chine, la célèbre fabrique de King-te-Tchin existe toujours elle est située dans la vallée de Fo-Liang sur une petite rivière nommée Tchang. C’est là que l’on garde depuis huit siècles les précieux secrets de sa fabrication.

Trois mille fourneaux brûlent dans la ville, sans s’éteindre jamais. Un million d’ouvriers travaillent continuellement, tout le monde vit de la grande fabrique. Les enfants et les vieillards arrosent le Kaolin, les aveugles broient les couleurs.